En 2004, les 10 % d’ingénieurs les
mieux payés ont perçu des rémunérations
plus de trois fois supérieures
aux 10 % les moins bien payés.
L’expérience professionnelle ainsi que
l’école de sortie expliquent l’essentiel
des disparités de salaires. Les écoles les
plus prestigieuses permettent un accès
plus rapide à des positions hiérarchiques
et donc à des salaires plus élevés. Les
inégalités salariales liées au sexe persistent
et l’accès aux postes à responsabilité
reste plus difficile pour les femmes. Des
mobilités récentes à l’étranger, ainsi que
l’implication dans les processus d’innovation
sont des facteurs qui ont un impact
positif sur le salaire. Enfin, les entreprises
qui pratiquent des politiques de veille
concurrentielle stratégique offrent en
général à leurs ingénieurs des émunérations
plus élevées.
Les rémunérations des ingénieurs travaillant
en France en 2004 sont très dispersées.
Les 10 % les mieux payés ont perçu
un salaire brut annuel de plus de 100 000 €,
alors que la rémunération des 10 % les moins
bien payés était inférieure à
31 000 €. Le
salaire médian, qui sépare la moitié la moins
bien payée de la moitié la mieux payée s’élevait
alors à 52 000 €.
Salaire, expérience professionnelle et responsabilité
hiérarchique sont fortement corrélés.
La possibilité de promotion au plus haut niveau
s’accroît avec l’expérience : les PDG ont une
expérience moyenne de 23 ans sur le marché
du travail alors que les titulaires d’un diplôme
d’ingénieur qui ne sont pas encore cadres sont
le plus souvent à peine sortis de l’école. En
2004, le salaire médian des non-cadres sans
responsabilité hiérarchique a été de 29 000 €
contre 95 000 € pour les cadres aux fonctions
de direction générale, soit un rapport de 1 à
3,3. Pour accéder à ces postes de responsabilité,
l’école de formation est déterminante : un
ancien élève de Polytechnique, des Mines oude Centrale a deux fois plus de chances d’occuper
un poste de PDG ou de directeur général
qu’un ingénieur diplômé d’une autre école.
Les filières de formation
influencent directement le salaire
La dispersion des salaires provient de la
grande diversité des situations des ingénieurs,
en termes d’emploi mais aussi de caractéristiques
individuelles. La formation propre à
chaque ingénieur permet d’apprécier en partie
ces caractéristiques et peut être assimilée à
un investissement aux répercussions sur le
salaire qui persistent tout au long de la carrière.
Pour expliquer les écarts salariaux entre les
différentes catégories d’ingénieurs, il est commode
d’isoler chaque caractéristique observable
des ingénieurs et de leurs postes de
travail, pour mesurer son influence. Cette
dernière est estimée « toutes choses égales
par ailleurs » comme l’écart moyen de rémunération
entre ceux qui possèdent une aractéristique
donnée (situation matrimoniale,
expérience professionnelle, période de chômage…)
et ceux qui ne la possèdent pas, les
autres caractéristiques étant par ailleurs identiques.
Ainsi, les ingénieurs diplômés d’une école du groupe 4 gagnent en moyenne
73,4 % de moins que les anciens diplômés
d’une école du groupe 1. Mais à
caractéristiques identiques, cet écart
moyen n’est plus que de 25,7 %. De
même, si le salaire brut annuel moyen
des femmes a été en 2004 de 45 500 €
contre 62 800 € pour les hommes, soit
un salaire 27,6 % plus faible pour les
femmes, la différence se réduit à 6,8 %
quand on prend en compte ces effets de
structure. Il apparaît en effet que les
femmes ingénieurs sont en moyenne
plus jeunes que leurs homologues
masculins et qu’elles occupent moins
souvent les plus hautes fonctions iérarchiques,
ce qui tire vers le bas leur
salaire moyen.
Le niveau d’éducation est déterminé par
l’école d’ingénieur fréquentée, mais
aussi par les éventuelles formations
complémentaires. L’investissement dans
une formation complémentaire est surtout
rentable lorsque celle-ci a une orientation
appliquée. Un diplôme de gestion
augmente ainsi le salaire de 5,6 % ; un
second diplôme d’ingénieur (ou équivalent)
est également rentable, encore
plus s’il est acquis à l’étranger. Mais ce
n’est pas le cas pour les études scientifiques
ou les thèses qui conduisent souvent à des métiers « à vocation ». La
filière scolaire d’accès à l’école d’ingénieur
n’a pour sa part qu’une faible
influence sur le salaire.
Le rôle déterminant
de l’expérience professionnelle
Un ingénieur ayant plus de 25 ans
d’expérience professionnelle gagne plus
du double du salaire d’un ingénieur
débutant, « toutes choses égales par
ailleurs ». Les années d’expérience supplémentaires
ont cependant une
influence de plus en plus faible sur le
salaire au fur et à mesure du déroulement
de la carrière, alors qu’à son début,
l’acquisition d’une année d’expérience
supplémentaire le fait fortement croître.
Les changements de situation qui jalonnent
les parcours professionnels ont une
incidence positive durable sur le revenu
et traduisent ainsi l’acquisition de compétences
transférables au cours de la
carrière. À titre de comparaison, les
ingénieurs qui ont effectué une mobilité
à l’étranger au cours des cinq dernières années ont un gain de salaire de 3,3 %,
ce qui est équivalent au gain associé à
deux changements d’entreprise. De surcroît,
si le retour de l’étranger a eu lieu
au cours de l’année précédente, le gain
de salaire est plus grand qu’après trois
mobilités en France.
La situation des ingénieurs
en 2004
En 2004, les ingénieurs travaillent essentiellement
en Île-de-France (46 %),
dans le secteur privé (79 %), et dans les
entreprises de plus de 500 salariés
(57 %). Les ingénieurs sont encore majoritairement
en poste dans le secteur
industriel (53%)mais le secteur des services
est désormais prépondérant dans
l’accueil des jeunes diplômés : les sociétés
de services (informatiques et autres)
emploient 29%des ingénieurs diplômés
de moins de 30 ans mais les secteurs de
la construction automobile et de l’aérospatiale
sont toujours attractifs avec
14,8 % des jeunes diplômés. Enfin,
31 % des ingénieurs exercent leur activité
dans le domaine des études, de la
recherche et de la conception.
Les principaux déterminants des salaires des ingénieurs:
|
Caractéristiques personnelles
|
Écart |
Caractéristiques de l’emploi |
Écart |
Situation conjugale |
Type de contrat |
Homme célibataire |
Réf |
CDI |
Réf |
Homme en couple |
4,1 % |
CDD |
- 5 % |
Femme sans enfant |
- 3,2 % |
Fonctionnaire |
- 3,1 % |
Femme avec enfant(s) |
- 3,9 % |
Intérim, vacations, contrat précaire |
- 9,2 % |
Niveau d'études à l'entrée de l'école d'ingénieur |
Position hiérarchique |
Classes préparatoires |
Réf |
Cadre |
Réf |
Bac (prépas intégrées) |
- 1,3 % |
Pas encore cadre |
- 8,7 % |
DUT ou BTS |
0 % |
Cadre chef de projet |
3,2 % |
Bac+4 et plus |
- 1,9 % |
Cadre expert |
2 % |
Autre |
- 1,2 % |
Responsable d'une équipe |
5,9 % |
Formation |
Chef de projet + équipe |
7,7 % |
Scolaire initiale |
Réf |
Responsable d'un service |
20,9 % |
Statut d'apprenti |
- 3,1 % |
Direction générale |
37,8 % |
Continue |
- 3,9 % |
Type d'activité |
Spécialité |
Études, recherche, conception |
Réf |
Diplôme spécialisé |
Réf |
Production et fonctions connexes |
2,2 % |
Diplôme généraliste |
1,7 % |
Informatique |
1,2 % |
Écoles |
|
Commercial, marketing |
11,3 % |
Groupe 1 |
Réf |
Direction générale |
22,8 % |
Groupe 2 |
[- 6 % ; - 16 %] |
Administration, finance |
10,6 % |
Groupe 3 |
[- 16,1 % ; -22 %] |
Activités transversales ou multiples |
8,4 % |
Groupe 4 |
[- 22,5 % ; - 32,7 %] |
Autre |
1,1 % |
|
|
Mobilité |
Second diplôme |
1 entreprise |
1,4 % |
Aucun |
Réf |
2 entreprises |
3,4 % |
Double diplôme français |
2,9 % |
3 entreprises |
5,7 % |
Second diplôme étranger |
3,7 % |
4 entreprises ou plus |
3,4 % |
Autre diplôme |
Vers l'étranger l'an passé |
7,4 % |
Aucun |
Réf |
Vers l'étranger après 1999 |
3,3 % |
Commerce, gestion, management |
5,6 % |
Changement hiérarchique après 1999 |
3,8 % |
Scientifique |
- 1,8 % |
Licencié après 1999 |
- 4,5 % |
Thèse ou PhD |
- 3,9 % |
Expérience professionnelle |
Caractéristiques de l'entreprise |
Écart |
1 an ou moins |
Réf |
Zone d'emploi |
Entre 2 et 3 ans |
5,5 % |
Île-de-France |
Réf |
Entre 4 et 5 ans |
17,8 % |
Nord - Pas-de-Calais |
- 9,9 % |
Entre 6 et 10 ans |
34,5 % |
Rhône-Alpes |
- 10,9 % |
Entre 11 et 15 ans |
56,8 % |
Alsace-Lorraine |
- 12,4 % |
Entre 16 et 20 ans |
77,6 % |
Midi-Pyrénées |
- 14,1 % |
Entre 21 et 25 ans |
90,4 % |
Provence - Alpes - Côte d'Azur |
- 11,3 % |
Plus de 25 ans |
105,5 % |
Autres régions françaises |
- 12,6 % |
Groupe 1: ECP Paris, EMP Paris, EP Palaiseau. |
Nature et taille de l'entreprise
|
Privé : 2 000 salariés ou plus |
Réf |
Groupe 2 : EFPG Grenoble, EMN Nancy, EMSE Saint-Étienne, ENAC Toulouse, ENPC
Paris, ENSAE Toulouse, ENSCP Paris, ENSIC Nancy, ENSICA Toulouse, ENST Paris,
ENSTA Paris, ESE Gif, Metz, Rennes, ESEO Angers, ISEP Paris. |
Privé : 500 à 1 999 salariés |
- 1,7 % |
Privé : 20 à 499 salariés |
- 4,8 % |
Privé : moins de 20 salariés |
- 12,6 % |
Entreprises publiques |
- 8,4 % |
État et collectivités territoriales |
- 9,4 % |
Groupe 3 : CPE Lyon, EC Lille, ECAM Lyon, ECL Lyon, ECN Nantes, EFREI Paris,
EISTI Cergy-Pontoise, EMA Alès, EMD Douai, ENGEES Strasbourg, ENSAM Paris,
ENSCL Lille, ENSCMON Montpellier, ENSEA Cergy-Pontoise, ENSEEIHT Toulouse,
ENSIACET Toulouse, ENSPS Strasbourg, ENTPE Vaulx-en-Velin, EPF Sceaux,
ESCOM Cergy-Pontoise, ESIEA Paris, ESIEE Noisy-le-Grand, ESIGETEL
Fontainebleau, ESIL Marseille, ESO Orsay, ESTP Paris, HEI Lille, ICAM Lille, Nantes,
Toulouse, IFMA Clermont-Ferrand, IIE Évry, INA P-G Paris-Grignon, INPG Grenoble,
INSA Lyon, Rennes, Rouen, Toulouse, ISEN Brest, Lille, Toulon, Polytech’Lille, UTC
Compiègne. |
Autre |
- 11,7 % |
Secteur d'activité ....................................................................................
|
Fabrication, construction d'équipement |
Réf |
Agriculture |
- 7,3 % |
Énergie, matériaux |
3,7 % |
Chimie, pharmacie |
5,9 % |
Agroalimentaire, agrofournitures |
6,2 % |
Autre industrie |
2,4 % |
Commerce, grande distribution |
3,4 % |
Télécommunications |
3,2 % |
Assurance, banque |
10,3 % |
Groupe 4 : CESI Paris, CNAM Paris, EBI Cergy, ECE Paris, EGIM Marseille, ENIM
Metz, ENSAIA Nancy, ENSAIT Roubaix, NSAMON Montpellier, ENSAR Rennes,
ENSAT Toulouse, ENSBANA Dijon, ENSCCF Clermont-Ferrand, ENSCPB Bordeaux,
ENSCR Rennes, ENSGTI Pau, ENSI Caen, ENSMM Besançon, ESA Angers, ESAP
Toulouse, ESB Nantes, ESME Paris, ESTIT Villeneuve d’Ascq, INSA Strasbourg, ISA
Lille, ISAB Beauvais, ISARA Lyon, ITECH Lyon, Formations partenariales,
Polytech’Tours, UTBM, UTT Troyes. |
Administration publique |
- 6,1 % |
Enseignement |
- 11,7 % |
Autre tertiaire |
- 1,8 % |
Innovation |
|
Intervention dans la démarche d'innovation |
1,3 % |
Associé à un programme de R&D de l'UE après 1999 |
1,9 % |
Politique de veille concurrentielle stratégique |
3 % |
Ancienneté dans l'entreprise |
|
20 ans ou moins |
Réf |
Plus de 20 ans |
5,2 % |
Lecture : un ingénieur dont toutes les caractéristiques individuelles correspondent aux modalités de référence (notées Réf) gagne en moyenne 40 068 € par an. Les effets de chaque facteur de
disparité sont estimés en écart à cette situation de référence. Par exemple, s'il possède un second diplôme acquis à l'étranger, il gagne en moyenne 3,7 % de plus. Après avoir fait un classement« toutes choses égales par ailleurs » de l'effet propre à chaque école, on a constitué quatre groupes homogènes. L'effet propre à chaque école se situe dans l'intervalle reporté en face du groupe
auquel elle appartient. Seules les écoles ayant participé à l'enquête apparaissent dans le tableau.
Source : enquête 2005 du Conseil national des ingénieurs et scientifiques de France (CNISF). |
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